Jubilé
Jubilé du Père Schwaller
Gérard Klein 26 juin 2009
HOMMAGE AU RP Joseph SCHWALLER
PROFESSEUR DE LETTRES AUX COLLEGES SAINTE MARIE ET SAINT PIERRE CHANEL
A L’OCCASION DE LA CELEBRATION DE SON JUBILE SACERDOTAL (RETTEL 28 JUIN 2009)
Les activités pastorales du Père Schwaller sont au cœur de la célébration qui nous rassemble aujourd’hui. Elles ne doivent cependant pas occulter l’autre face du personnage : celle du Père Mariste engagé dans l’enseignement catholique qu’il a servi avec passion tout au long de sa carrière. Les cours du Père Schwaller ont ainsi marqué des générations d’élèves des collèges Ste Marie, puis St Pierre Chanel. Et, puisque j’ai eu le privilège de passer sous sa férule, qu’il me soit permis d’en porter témoignage.
J’ai suivi les cours de lettres du Père Schwaller dans les classes de seconde et de première, de 1960 à 1962. C’était l’époque où le collège Ste Marie de Sierck vivait ses derniers moments avant de se fondre dans le collège St Pierre Chanel de Thionville. Le Père Schwaller était alors dans la force de l’âge. Au collège de Sierck, les élèves s’amusaient de voir leur professeur de lettres débouler au pas de course (car il était rarement en avance sur l’horaire), soutane au vent, sur la passerelle qui reliait l’ancien collège (où se trouvait son appartement) et le nouveau collège (où étaient les salles de cours). La mission du Père Schwaller était d’initier ses élèves à la littérature et de les préparer à l’art difficile de la dissertation dont ils allaient devoir démontrer la maîtrise aux épreuves du baccalauréat. Bref, le Père Schwaller incarnait au collège l’esprit littéraire. Ce n’était pas une tâche aisée car l’établissement se trouvait alors dirigé par un nouveau supérieur, le Père Adrien, un polytechnicien qui ne jurait que par les sciences dites exactes – mathématiques, physique, chimie - et qui traitait les études littéraires avec un brin de condescendance. C’est dans ce contexte peu favorable qu’il revenait au Père Schwaller de porter dans l’établissement le flambeau des lettres. Il s’en est acquitté avec brio.
Comme professeur, le Père Schwaller n’avait pas de problème de discipline. Il n’avait pas besoin de se montrer autoritaire. Il s’imposait à ses élèves par une autorité naturelle dont les ingrédients consistaient dans l’étendue de son savoir, dans la passion qu’il apportait à le transmettre et dans son sens de l’humour.
Notre initiation à la littérature française passait par l’excellent manuel de l’Abbé Calvet. Le Père Schwaller s’appliquait à le compléter par des cours soigneusement préparés de sa belle écriture ronde. Il nous a appris, avec Boileau, à aimer la raison. Et personne ne s’étonnera de ce que le Génie du Christianisme de Chateaubriand occupait dans son enseignement plus de place que les œuvres de Voltaire.
Encore fallait-il que les connaissances ainsi transmises puissent être judicieusement utilisées dans le cadre d’une dissertation. A cet effet, le Père Schwaller nous a enseigné une méthode de son cru : l’analyse du sujet. En organisant la réflexion sur le sujet proposé, cette méthode permettait d’en appréhender clairement les contours et de structurer autour d’un plan les développements qu’il inspirait. Bien appliquée, l’analyse du sujet faisait merveille. Personnellement, elle a continué à me servir dans mes études supérieures et elle m’a été utile durant toute ma vie professionnelle.
Comme on le voit, l’enseignement du Père Schwaller était très sérieux. Mais – c’est là une marque de son caractère – ce grand enseignant ne se prenait pas au sérieux. Et il avait l’art de détendre l’atmosphère par des pointes d’humour. J’en prendrai un exemple parmi bien d’autres : lorsqu’il nous invitait à méditer sur une appréciation du grand critique Charles-Augustin Sainte Beuve, pourvoyeur attitré des sujets de dissertation littéraire, le Père Schwaller ne manquait pas de nous encourager d’un malicieux : « Sainte Beuve, priez pour nous ! ».
Telle était, brièvement évoquée, la personnalité attachante et singulière du Père Schwaller enseignant au collège.
Pour terminer, et m’adressant directement à lui, je reprendrai un jeu de mot qu’il affectionne : Père Schwaller, vous êtes sans doute né en vingt, mais vous n’êtes pas né en vain. Ne serait-ce que parce que vous avez appris à des générations d’élèves à exprimer leur pensée de façon structurée et que vous leur avez transmis un goût de la littérature où La Princesse de Clèves garde la place qui lui revient.
De tout cela, soyez chaleureusement remercié.
HOMMAGE AU RP Joseph SCHWALLER
PROFESSEUR DE LETTRES AUX COLLEGES SAINTE MARIE ET SAINT PIERRE CHANEL
A L’OCCASION DE LA CELEBRATION DE SON JUBILE SACERDOTAL (RETTEL 28 JUIN 2009)
Les activités pastorales du Père Schwaller sont au cœur de la célébration qui nous rassemble aujourd’hui. Elles ne doivent cependant pas occulter l’autre face du personnage : celle du Père Mariste engagé dans l’enseignement catholique qu’il a servi avec passion tout au long de sa carrière. Les cours du Père Schwaller ont ainsi marqué des générations d’élèves des collèges Ste Marie, puis St Pierre Chanel. Et, puisque j’ai eu le privilège de passer sous sa férule, qu’il me soit permis d’en porter témoignage.
J’ai suivi les cours de lettres du Père Schwaller dans les classes de seconde et de première, de 1960 à 1962. C’était l’époque où le collège Ste Marie de Sierck vivait ses derniers moments avant de se fondre dans le collège St Pierre Chanel de Thionville. Le Père Schwaller était alors dans la force de l’âge. Au collège de Sierck, les élèves s’amusaient de voir leur professeur de lettres débouler au pas de course (car il était rarement en avance sur l’horaire), soutane au vent, sur la passerelle qui reliait l’ancien collège (où se trouvait son appartement) et le nouveau collège (où étaient les salles de cours). La mission du Père Schwaller était d’initier ses élèves à la littérature et de les préparer à l’art difficile de la dissertation dont ils allaient devoir démontrer la maîtrise aux épreuves du baccalauréat. Bref, le Père Schwaller incarnait au collège l’esprit littéraire. Ce n’était pas une tâche aisée car l’établissement se trouvait alors dirigé par un nouveau supérieur, le Père Adrien, un polytechnicien qui ne jurait que par les sciences dites exactes – mathématiques, physique, chimie - et qui traitait les études littéraires avec un brin de condescendance. C’est dans ce contexte peu favorable qu’il revenait au Père Schwaller de porter dans l’établissement le flambeau des lettres. Il s’en est acquitté avec brio.
Comme professeur, le Père Schwaller n’avait pas de problème de discipline. Il n’avait pas besoin de se montrer autoritaire. Il s’imposait à ses élèves par une autorité naturelle dont les ingrédients consistaient dans l’étendue de son savoir, dans la passion qu’il apportait à le transmettre et dans son sens de l’humour.
Notre initiation à la littérature française passait par l’excellent manuel de l’Abbé Calvet. Le Père Schwaller s’appliquait à le compléter par des cours soigneusement préparés de sa belle écriture ronde. Il nous a appris, avec Boileau, à aimer la raison. Et personne ne s’étonnera de ce que le Génie du Christianisme de Chateaubriand occupait dans son enseignement plus de place que les œuvres de Voltaire.
Encore fallait-il que les connaissances ainsi transmises puissent être judicieusement utilisées dans le cadre d’une dissertation. A cet effet, le Père Schwaller nous a enseigné une méthode de son cru : l’analyse du sujet. En organisant la réflexion sur le sujet proposé, cette méthode permettait d’en appréhender clairement les contours et de structurer autour d’un plan les développements qu’il inspirait. Bien appliquée, l’analyse du sujet faisait merveille. Personnellement, elle a continué à me servir dans mes études supérieures et elle m’a été utile durant toute ma vie professionnelle.
Comme on le voit, l’enseignement du Père Schwaller était très sérieux. Mais – c’est là une marque de son caractère – ce grand enseignant ne se prenait pas au sérieux. Et il avait l’art de détendre l’atmosphère par des pointes d’humour. J’en prendrai un exemple parmi bien d’autres : lorsqu’il nous invitait à méditer sur une appréciation du grand critique Charles-Augustin Sainte Beuve, pourvoyeur attitré des sujets de dissertation littéraire, le Père Schwaller ne manquait pas de nous encourager d’un malicieux : « Sainte Beuve, priez pour nous ! ».
Telle était, brièvement évoquée, la personnalité attachante et singulière du Père Schwaller enseignant au collège.
Pour terminer, et m’adressant directement à lui, je reprendrai un jeu de mot qu’il affectionne : Père Schwaller, vous êtes sans doute né en vingt, mais vous n’êtes pas né en vain. Ne serait-ce que parce que vous avez appris à des générations d’élèves à exprimer leur pensée de façon structurée et que vous leur avez transmis un goût de la littérature où La Princesse de Clèves garde la place qui lui revient.
De tout cela, soyez chaleureusement remercié.
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