Les Pères
Le Père JACOB
C'est le" Pater Familias", connu également des Anciens d'avant-guerre, aimé de tous.Il était d'un abord facile mais savait être ferme quand il le fallait
Il s'était rendu compte que la qualité de l'enseignement réclamait des enseignants stables et non des éléments de passage qui ne portaient aucun intérêt au collège.Il fit donc l'acquisition de logements et d'un immeuble, place Jeanne d'Arc,pour loger des professeurs mariés; c'était à son avis une assurance de stabilité. Le père Jacob sut insuffler au Collège Sainte-Marie un esprit de grande famille,organisant des fêtes avec la participation de tous.C'était disait Maurice Rey, l'esprit de 68 avant la lettre. Bon religieux, il accepta sa nomination dans un autre établissement; il aimait tant son collège,ses élèves,ses professeurs qu"il mit en garde contre son successeur ,en toute loyauté... et à bon escient.
Pendant des années,un groupe d'Anciens,sous l'égide du bouillant Joseph Auer,se rendait à Offendorf et recevait un accueil chaleureux chez le Père Jacob, en suite de quoi nous allions tous au restaurant.
Une existence exemplaire faite d'altruisme et de dévouement..
Communion 1950 : au milieu, le Père Jacob
Le père Jacob Marcel , supérieur du collège Sainte-Marie de 1935 à 1939 et de 1945 à 1950 , né en 1909 et décédé en 1997 à Offendorff (Bas-Rhin)
Le Père VIGOUREUX
.. qui porte bien son nom,est né à Curepipe dans les îles Maurice.Bilingue parfait, il avait décidé d'apprendre l'allemand et suivait avec assiduité les cours du père Fromholtz, ensuite de quoi un séjour en Allemagne lui a procuré l'aisance de l'expression orale.
Un phénomène !... À la déclaration de la guerre, le collège se retirait à Bury en région parisienne. Vigoureux était chargé d'expédier là-bas, tout ce qui était possible ; il réussit à faire réquisitionner des wagons dans lesquels pupitres, bancs, livres, cuisinières, pratiquement tout, fut expédié .Non content de cela, il expédia un télégramme : "dois-je expédier aussi les portes et les fenêtres ? ". Réponse : "Pitié, nous sommes submergés".
Etant sujet Franco-Britannique, il se réfugia en Savoie où il fit réquisitionner un hôtel pour ouvrir un collège qui abritait également des éléments à risque,des juifs en particulier.
Après la libération, il fut pris dans le "complot des soutanes" pour avoir caché des "collabos" par pure charité. Interdit d'enseignement, il avait fait des plans pour créer une péniche école battant pavillon belge qui l' autoriserait à sillonner les canaux de France. Son interdiction fut levée et il revint à Sierck où il prit des leçons de conduite. Les pères Jacob et Damiani l' emmenèrent dans la campagne pour lui laisser le volant...
"pour ne pas fatiguer la batterie, je vous demande de pousser la voiture, dit-il"... Ce que firent ses deux compagnons. Vigoureux partit en trombe et rentra seul au collège, abandonnant les deux pères qui rentrèrent à pied.Vigoureux eut l'idée géniale d'ouvrir un externat à Thionville. Il eut l'accord du provincial à condition de se débrouiller seul. Le père d'un élève lui offrit un vaste terrain ; il recensa les mairies en construction et obtint gracieusement les baraques qui avaient tenu lieu de mairie.
Étant aumônier des troupes américaines, il obtint le matériel imposant pour le transport des baraques. Il commença chichement par une 6e, disposant d'une maman disponible qui tenait le rôle d'institutrice, de secrétaire, de cuisini.ère, de femme à tout faire. L'année suivante, une baraque complémentaire abrita les 5e.
Étant bien introduit chez De Wendel et à la Sollac, il vendit des places pour les élèves à raison d'un million par élève, et c'est ainsi qu'il put entreprendre la construction en dur ; le provincial commencait à y croire.
Vint une période sombre. Le directeur de Sierck obtint la direction de Saint-Pierre Chanel et Vigoureux eut une nouvelle affectation qu'il accepta en religieux soumis mais désabusé.
J'ai rencontré ses frères et soeurs à Londres qui étaient très fiers de lui ; famille exceptionnelle :son frère de plus de 80 ans se rendait encore à bicyclette à son laboratoire.
Une plaque à sa mémoire a été posée dans l' entrée de Saint-Pierre Chanel .Nous avons là, l'exemple d'un grand serviteur.
Communiants 1956:le Père Vigoureux est assis au premier rang à droite
Le R.P. Vigoureux ,professeur de mathématiques en 2 de et 1 ère
Le Père Schwaller
Chaque année,le père Jacob invitait à notre table une personne Un poème ! Travailleur acharné, il a maîtrisé à l'université, le latin et le grec . J'ai vu certaines de ses dissertations françaises, parfois de trente pages ou plus, sanctionnées par des notes flatteuses.
'"il parle l'italien mieux que moi" avouait Monsieur Marson, notre ami, homme à tout faire.
L'allemand n'a pas de secret pour lui, ni les patois Platt-Deutsch. Tel le professeur Higgings de Bernard Shaw, il sait localiser les personnes en les écoutant :
"vous êtes de tel village, car ce mot que vous venez d'utiliser lui est propre". Jugez de l'étonnement des gens...
Professeur de français remarquable, j'ai fait appel à ses connaissances quand je préparais propédeutique ; il n'y pas son pareil pour décortiquer un texte proposé, n'eût-il que trois lignes ; ses élèves obtenaient d'excellentes notes au baccalauréat.
Il avait décidé, un jour, d'apprendre l'anglais qu'il a approfondi avant d'effectuer un séjour à Londres.
Une de nos pièces maîtresses pour les matchs de foot contre les élèves ; il avait un shoot puissant à vous couper le souffle.
éminent ; Robert Schumann était du nombre ; tous les professeurs étaient invités, en particulier Monsieur Engel, professeur de dessin et peintre apprécié ; il avait eu une vie estudiantine agitée, et effectué des prouesses physiques dangereuses au sommet de la cathédrale de Strasbourg ; il aimait raconter l'histoire du " Graouli", que le père Schwaller connaissait par coeur.
À la fin du repas, lorsque le père Jacob s'apprêtait à lever la séance, le facétieux Schwaller ne manquait jamais de dire :
"Monsieur Engel, si vous nous racontiez l' histoire du Graouli !..."
Le père Jacob levait les bras au ciel et Monsieur Engel qui n'attendait que cette invite, commençait sa longue histoire plaisante pour ceux qui ne la connaissaient pas..
Et le père Schwaller, dans son coin, se tordait de rire du bon tour qu'il venait de jouer.
Le père Schwaller,un poème?
Un "Caractère".
voir aussi :le jubilé du Père Schwaller
http://ancienssaintemariesierck1.e-monsite.com/album-photos/jubile-sacerdotal-du-p-schwaller/
Le Père Joseph Schwaller, professeur de Français en 1945-46 et e, 1949-1951
Voir aussi : Le jubilédu Père Schwaller
Le Père FELTZ
Luxembourgeois,préfet de discipline:il n'avait qu'à lever un sourcil pour obtenir un silence parfait.Notre arbitre lors des matchs de foot contre les élèves ; de connivence avec la cuisine ,c'était le jour de frites pour les élèves qui,alourdis,perdaient de leur pugnacité et nous concédaient la victoire .
Le Père Feltz ,Préfet des études de 1954 à 1963
Commentaires
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- 1. Michelle David-Beaugeard Le 23/03/2017
Je voudrais apporter ma contribution à l'hommage rendu au Père Vigoureux . vous parlez de ses ennuis au sortir de la guerre ...j'étais parmi ces enfants accueillis en 1945 , mon papa étant prisonnier politique .Le père Maury et le père Vigoureux nous ont ouvert leurs portes , nous logions sur place ...et leur coeur ! Maman faisait du secrétariat , un peu l'infirmière aussi , et consolatrice toujours ! Nous étions 3 enfants et une grand-mère aveugle . mon frère était pensionnaire à St vincent , et moi au couvent des soeurs de St joseph de Cluny . , ma petite soeur était encore un bébé de 2 ans . Je sais que le père Vigoureux a fait de la prison à cause de nous !!!
mais nous ne l'avons jamais oublié , et je dois dire mon émotion en songeant qu'il avait reçu nos engagements de mariage en 1960 ! Je peux dire avec fierté aussi que je crois avoir été la seule petite fille élevée ...dans un collège de garçons ! Merci à tous ces prêtres qui n'ont pas hésité à accueillir des enfants juifs ou recherchés , car nous l'étions ! Excusez ce long bavardage! Amicalement à vous
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