Anciens du Collège Sainte-Marie de Sierck

Historique du Collège

Le château de Sierck au printemps

Le château de Sierck au printempsa
 

Aquarelle de M.K et Anne Lhommé

juillet 2019

Historique du Collège Sainte-Marie de Sierck

  1.  

Les origines et les premières années du collège



L''ancien collège de Sierck construit juste à côté du château-fort, ancienne résidence des ducs de Lorraine admirablement située devant le panorama du Stromberg , dominait la vieille ville de Sierck et la vallée de la Moselle.
Ancien couvent édifié par les Pères Récollets en 1633, il était composé d'un cloître au rez-de-chaussée et de salles au premier étage.Sur son flanc avait été construite une église qui deviendra la Chapelle du Collège.
En 1783 , suite à la fermeture des collèges jésuites , les Pères Récollets y fondèrent un collège et y enseignèrent les humanités mais ils durent cesser leurs activités au début de la Révolution en 1791.
A partir de 1826 un collège diocésain dispensa son enseignement mais il fut fermé par l'administration allemande en 1875. De 1876 à 1930 un hospice s'installa dans les bâtiments du collège
En 1929 le conseil municipal de Sierck, sous l'impulsion du docteur Guille, maire de la ville, et de Maître Ditsch,2ème adjoint, se prononce pour la réouverture du collège de Sierck . Il en confie la direction aux frères maristes qui venaient d'ouvrir une institution à Morhange. Cependant c'est le député thionvillois, Robert Schuman, qui vaincra les réticences de l'administration anticléricale de l'époque et obtiendra l'autorisation d'ouverture du collège.
C'est en 1930 que s'effectue la première rentrée au Collège Sainte-Marie dirigé alors par la R.P. Tabellion; 70 élèves se sont inscrits pour cette première année.Ils sont répartis dans trois classes (8ème,7ème,6ème).Les registres mentionnent 45 internes et 25 externes et demi-pensionnaires.
A la rentrée suivante l'effectif dépasse les 100 élèves et de nouvelles classes sont ouvertes (5ème et 9ème).
Pour faire face à l'afflux de ces nouveaux élèves on démolit les bâtiments des casernes situées près de l'ancien collège et on construisit en 1932 un nouveau bâtiment "le nouveau collège" qui fut prêt pour la rentrée de 1933.Il abritait des salles d'étude et des classes au rez-de -chaussée et au premier étage ainsi que des dortoirs au deuxième étage.Le collège put ouvrir de nouvelles classes et accueillir plus de 200 élèves.
En 1937 , le collège présente ses premiers élèves au baccalauréat (6 reçus) et la première promotion de bacheliers quitte le collège en 1938.



Le collège pendant la seconde guerre mondiale



La rentrée de 1939 ne peut être assurée au collège de Sierck situé en avant de la ligne Maginot. A l'initiative du R.P. Vigoureux environ 80 élèves du collège peuvent continuer leurs études au château de Bury dans le Val d'Oise où fut expédié le matériel scolaire de Sierck. Cependant ,fin 1940, les Allemands installèrent dans les locaux du collège une "Oberschule" d'État avec internat.La majorité des élèves étaient des Sarrois.Cette école fonctionna jusqu'à l'arrivée des Américains en automne 1944. Au mois de décembre de la même année une partie du nouveau collège fut détruite par un bombardement qui fit deux morts.

http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article2676
Les années d'après-guerre et la fin du collège
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C'est encore le R.P. Vigoureux qui revint prendre possession du collège en décembre 1944 mais ce n'est qu'à la rentrée de 1945 que le collège put à nouveau accueillir des élèves sous la direction du R.P. Jacob , nommé supérieur.
Les parties endommagées du nouveau bâtiment furent réparées et la Chapelle de l'ancien Collège fut restaurée;elle s'embellira en 1951 de trois vitraux posés dans le fond du choeur et un orgue électrique sera inauguré en 1952. Entre-temps le collège avait fait l'acquisition de la maison Vallette pour y loger les professeurs laîcs.
Cependant ,à la fin des années cinquante , l'effectif scolaire diminue , sans doute à la suite de l'ouverture du collège public et aussi de la concurrence d'un nouvel établissement mariste ouvert ,rue Ste Elisabeth puis de l'externat Saint Pierre Chanel construit en 1960 .A la rentrée 1963 le collège Sainte Marie perd son autonomie et il est rattaché à Saint-Pierre Chanel.Les bâtiments de Sierck ne servent plus qu'à l'accueil de quelques internes mais ils furent fermés en juillet 1964.
Le nouveau collège sera vendu à la ville de Sierck pour y installer son CEG.Plus tard ce bâtiment sera vendu par la ville à l'hôpital de Thionville qui y installera une annexe de l'hôpital de Thionville..L'ancien collège fut également cédé à l'hôpital de Thionville mais, pour des raisons techniques , il dut être démoli en 1974.Depuis rien n'a été reconstruit à la place de ce bâtiment

Traduction allemande

Photos du Collège dans les années 50

Notre-Dame des Neiges

En 1941, le père Henri Vigoureux, professeur de mathématiques au collège Sainte-Marie, , décida de créer un collège en Haute-Savoie pour accueillir les élèves alsaciens-lorrains de Sierck en exil dans le sud de la France.

Mi-2019, paraîtra aux éditions L'Harmattan, le livre : "Le collège Notre-Dame des Glaciers, du père Vigoureux de Kermorvan, 1941-1944", de Philippe Klein, qui raconte la vie du collège Sainte-Marie en exil en Haute-Savoie. En voici l'avant-propos :  

La Seconde Guerre mondiale 1939 – 1945 a vu s’affronter les forces totalitaires de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon) et les pays démocratiques (Grande-Bretagne, France, Belgique, etc).

La France est battue et signe l’armistice le 22 juin 1940. L’Allemagne impose alors la partition du pays en trois zones : les régions annexées au Reich allemand (principalement l’Alsace et une partie de la Lorraine – département de la Moselle), le nord et les côtes atlantiques occupés par les Allemands mais administrés par le gouvernement français, et la zone libre au sud de la Loire. De plus l’Allemagne pille la France si bien que les conditions matérielles se détériorent dramatiquement. C’est l’époque du rationnement pour toutes sortes de produits, en particulier la nourriture.

Le collège Notre-Dame des Glaciers 1941-1944 constitue un havre de paix, sans doute très fragile, pour nombre d’enfants et de personnes recherchés par les autorités. Face au totalitarisme et à la collaboration toujours plus grande du gouvernement français de Vichy, l’ancienne fracture de la vie politique en France (socialisme/communisme contre l’Action française, l’extrême droite) vole en éclat. La Résistance au totalitarisme français et allemand recrute dans tous les milieux et il n’est pas étonnant de voir un père mariste, proche de l’extrême droite, se rallier dès 1940 à de Gaulle. Le père se lance alors dans une lutte qui va lui permettre de créer et d’assurer la survie d’un collège d’Alsaciens-Lorrains en Haute-Savoie, d’abord en zone libre, puis sous occupations italienne 1942-1943 et allemande 1943-1944.

A travers ses colonies de vacances, un nombre important d’enfants a été marqué par les méthodes et l’ambiance de cette institution. Le collège a pleinement joué son rôle de formation d’une élite. A son niveau, il contribue aussi bien à la vie religieuse où des mouvements aussi contraires – l’intégrisme, les prêtres-ouvriers ou le mouvement du Témoignage chrétien – se côtoient, qu’à la vie politique et même artistique (musicale et cinématographique). Ainsi, des personnalités connus y séjournent. Le père Fillère y poursuit sa Cité des Jeunes qui devait orienter la vie de Stan Rougier. Emile Poulat, séminariste alors, y découvre l’existence de prêtres-ouvriers. La famille Tissier de Mallerais y survit avant de reconnaître le père mariste Henri Vigoureux de Kermorvan, l’un des leurs, un des membres de l’intégrisme catholique. Henri Baud s’y cache et y prépare sa carrière politique dans le corps préfectoral de la Haute-Savoie. Jacques Ibert y compose son Trio pour violon, violoncelle et harpe pour sa fille qui y croise Jérôme Gillet fils de l’académicien Louis Gillet. Et même la vie au collège Notre-Dame des Glaciers a peut-être inspiré à Raymond Bernard, la réalisation du film « Un ami viendra ce soir », 1946.

Mais l’essentiel c’est que le collège a mis à l’abri de la répression nazie et vichyste nombre de Juifs (Jean-Pierre Blum, Philippe Meyer), de résistants et de fils de résistants (les frères Mazeaud), si bien que le père Vigoureux devrait compter parmi les Justes parmi les nations.

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